Jour J : La fin de journée.
Je venais de remonter dans ma chambre, on était donc en fin d'après-midi. J'ai eu droit à une collation. Ce qui veut dire que j'ai bu et mangé..
Une aide soignante qui vient récupérer mon plateau me dit que je dois la prévenir si j'ai besoin "d'aller" aux toilettes. Ouais, j'avais tendance à oublier que quelques heures avant j'étais dans le bloc sous anesthésie générale.. Et c'est vrai, que spontanément, je me suis pas dit qu'il allait falloir demander l'autorisation de pisser.
En fait j'avais juste pas le droit de me lever. Mais comment aller aux toilettes sans aller aux toilettes? Bah dans le milieu médical tout est prévu. Et y avait une solution. Pas négociable.
Personnellement, j'ai vécu ce moment comme une torture. Une humiliation. Inutile d'en dire plus. Fallait prévoir le coup. Je sais pas si c'était le fait que moi je l'avais pas prévu dans ma p'tite tête ou si c'était juste le fait de dépendre de quelqu'un pour faire un truc aussi intime; mais j'en garde un très mauvais souvenir.
Après ça, mes parents et ma p'tite soeur revienne dans la chambre, ah oui parce qu'ils avaient du sortir.
Mon chirurgien passe voir comment je me sens, me demande si j'ai mal, me chatouille le pied pour vérifier ma sensibilité. Tout semble Ok, et j'ai pas plus mal que ça.
Sur ce, mon plateau repas du soir arrive. Il doit être 18h, on mange super tôt dans les cliniques et les hôpitaux. Et à 19h les visites se terminent.. Moment plutôt difficile, je dois dire au revoir à ma famille, et je me retrouve toute seule dans ma chambre. Je suis clouée au lit, je sais pertinemment que c'est provisoire, l'histoire de quelques semaines tout au plus. Je pense à toutes les personnes qui suite à un accident se retrouve clouées au lit, elles aussi, mais je pense surtout à celles qui ne sortiront jamais de leur lit, ou qui, au mieux finiront leur vie dans un fauteuil. Je me dis que moi j'ai pas le droit de me plaindre. Que cette opération c'est que du positif pour moi. Mais c'est le soir, je suis toute seule dans ma chambre. Clouée au lit. Et c'est comme si d'un coup mon moral s'était fait la malle. Un seul remède pour moi: j'écoute la musique sur mon Ipod et je prends un bon bouquin.
Toute façon, une infirmière passe me donner des médicaments, calmant, anti-douleurs. Tout y est et je vais passer une bonne nuit.